Comment l’Arabie saoudite développe sa stratégie du tourisme 2030
Analyse technique de la stratégie touristique saoudienne : objectifs Vision 2030, budgets, organismes clés et résultats chiffrés, de Riyadh à la mer Rouge.
En moins d’une décennie, le développement du tourisme en Arabie Saoudite est passé d’ambition théorique à politique publique structurée, financée et mesurée. L’ouverture des visas, l’aviation, des « giga-projets » soutenus par le Public Investment Fund (PIF) et la restauration de sites patrimoniaux réécrivent l’offre du pays : mer Rouge, déserts, montagnes d’Asir, villes historiques comme Diriyah. L’objectif est clair : diversifier l’économie et transformer le Royaume en destination majeure, en articulant la stratégie touristique de l’Arabie Saoudite autour de cibles numériques, d’organismes bien identifiés et de livrables concrets. Depuis 2023, les compteurs s’affolent : fréquentation en hausse, recettes record et lancement de produits haut de gamme. Cette enquête technique détaille le plan Vision 2030 en Arabie Saoudite, ses leviers, ses résultats et ses défis, afin d’éclairer décideurs et professionnels.
Le cadre stratégique et les objectifs chiffrés
L’exécutif a d’abord fixé une boussole : dépasser les 100 millions de visites domestiques et internationales annuelles, puis porter la cible à 150 millions d’ici 2030. L’étape 1 a été franchie en 2023, l’étape 2 est désormais officielle, avec, à l’appui, une montée des recettes et des arrivées internationales. Le marché du tourisme en Arabie Saoudite vise ainsi une contribution à deux chiffres au PIB, avec des résultats déjà tangibles en 2023-2024 (fréquentation et recettes en forte progression).
Les organismes : une gouvernance et des rôles précisés
Le ministère du Tourisme et la Saudi Tourism Authority
Le Ministry of Tourism définit la politique sectorielle, les cadres réglementaires et publie la statistique officielle. La Saudi Tourism Authority (STA) pilote l’attractivité (marketing, événements, ouverture de bureaux à l’international) et les campagnes saisonnières. Ensemble, ils portent le plan de modernisation du tourisme saoudien en déclinant la stratégie touristique de l’Arabie Saoudite sur les marchés prioritaires.
Le Tourism Development Fund et l’investissement
Le Tourism Development Fund (TDF), doté d’un capital initial d’environ 15 milliards SAR (≈ 4 Md \$), finance projets hôteliers, expériences et PME via dette, quasi-fonds propres et garanties. Il co-investit avec des opérateurs internationaux (ex. véhicules dédiés à l’hôtellerie lifestyle) pour accélérer le rôle des investissements étrangers dans le tourisme saoudien.
Le PIF et les « giga-projets » transformants
Bras financier souverain, le PIF pilote Red Sea Global (The Red Sea, AMAALA), NEOM (dont l’île de Sindalah), Diriyah Company et d’autres destinations. Ces plateformes structurent le développement des infrastructures touristiques en Arabie Saoudite (aéroports, routes, marinas, équipements culturels) et créent des produits différenciants : ultra-luxe, bien-être, nature, patrimoine.
Les leviers : visas, connectivité et grands événements
L’ouverture des visas
L’eVisa tourisme s’est élargie à 66 pays. La délivrance est dématérialisée, et l’itinérance entre tourisme et tourisme religieux en Arabie Saoudite (Umrah hors Hajj) est facilitée, ce qui élargit la base de clientèle et lisse la saisonnalité.
L’aviation comme accélérateur
Le Royaume renforce le rôle de Riyad dans le développement touristique via l’aviation : Riyadh Air (lancement opérationnel visé fin 2025, flotte long-courrier) et le nouvel King Salman International Airport (KSIA), aéroport de 57 km² à six pistes, dimensionné à 120 millions de passagers en 2030 et 185 millions en 2050. L’écosystème intègre aussi un nouveau transporteur low-cost, pour stimuler le budget pour un voyage en Arabie Saoudite côté aérien.
Les événements d’ampleur mondiale
Deux catalyseurs soutiendront la demande : World Expo 2030 Riyadh et la FIFA World Cup 2034. Ils impliquent des plans de capacité (hébergement, mobilité, services urbains) et renforcent la visibilité du pays auprès des marchés lointains.
Les performances récentes : fréquentation et recettes
Les chiffres 2024 publiés indiquent environ 116 millions de visites domestiques et internationales (+6 % vs 2023). Les arrivées internationales ont atteint 27,4 millions en 2023 (+56 % vs 2019), indiquant une montée en puissance du segment « loisirs » hors pèlerinages. Côté macro, la contribution 2023 du voyage-tourisme au PIB s’élève à ≈ 444,3 Mds SAR (≈ 118,4 Md \$), soit ≈ 11,5 % de l’économie, un record national récent.
Les réalisations concrètes : projets et produits livrés
La mer Rouge : resorts ouverts et montée en charge
The Red Sea a ouvert ses premières propriétés et un aéroport dédié ; la phase 1 prévoit 16 resorts et environ 3 000 clés, livrés progressivement en 2024-2025. AMAALA doit inaugurer ses premières adresses en 2025. Positionnement : le tourisme de luxe en Arabie Saoudite au prisme nature-bien-être et hôtellerie internationale.
Diriyah : patrimoine et hospitalité urbaine
À Diriyah, le site UNESCO d’At-Turaif (architecture najdienne) ancre le tourisme culturel en Arabie Saoudite. Le masterplan mêle musées, hôtels, restauration et espaces publics à 15 km du centre de Riyadh, avec une montée en gamme hôtelière en cours.
AlUla : croissance mesurée et « light-touch tourism »
La Royal Commission for AlUla (RCU) applique une approche « light-touch » : restauration des oasis, limitation des flux, valorisation de Hegra et Dadan. 286 259 visiteurs en 2024 (+9 % vs 2023), avec montée en puissance progressive des clés hôtelières et des événements culturels.
Le pilier religieux : Umrah et Hajj modernisés
Le tourisme religieux en Arabie Saoudite demeure structurant. En 2024, le Hajj a réuni 1,833 million de pèlerins (≈ 88 % venus de l’étranger). L’Umrah dépasse 16,9 millions la même année, avec des objectifs haussiers à l’horizon 2030 et une digitalisation des parcours (Nusuk). La gestion des flux à très forte densité, sous climat chaud, reste un chantier technico-opérationnel clé (sûreté, santé, hébergement).
Le tourisme durable : vers la régénération des écosystèmes
Le tourisme durable en Arabie Saoudite est la signature des projets mer Rouge. Red Sea Global s’engage sur 100 % d’énergie renouvelable, « zéro déchet en décharge », retrait des plastiques à usage unique, replantation de mangroves et nurseries coralliennes. Les fermes solaires totalisent déjà ≈ 760 500 panneaux ; des zones de conservation couvrent la majorité des îles. La capacité d’accueil est plafonnée pour préserver les habitats.
Le budget, l’offre et l’accessibilité client
Pour un voyageur loisirs, le budget pour un voyage en Arabie Saoudite dépend fortement de la destination et de la saison. À Riyadh et Jeddah, une chambre 4* se situe fréquemment entre 450 et 800 SAR/nuit (≈ 110–200 €). Sur la mer Rouge (ultra-luxe), compter bien davantage. L’eVisa (multi-entrées) simplifie l’accès, et la multiplication des liaisons (à horizon 2025-2030) doit réduire les coûts aériens. Ces facteurs soutiennent le projet Neom et le tourisme en Arabie Saoudite (yachting, golf, retail haut de gamme à Sindalah) et les courts séjours urbains. Sur l’expérience, le différenciateur reste la combinaison nature-désert-patrimoine, avec des distances importantes, à prévoir en heures de route plutôt qu’en kilomètres.
Les perspectives : capacités, mix-clientèle et risques d’exécution
Trois sujets occuperont les directions générales :
- Capacités : livrer à temps les clés hôtelières, les aéroports (KSIA, hubs régionaux) et les réseaux de mobilité pour accueillir les pics (Expo 2030, World Cup 2034).
- Mix-clientèle : convertir davantage de clientèles lointaines à haut pouvoir d’achat et soutenir le tourisme de luxe en Arabie Saoudite, tout en maintenant l’équilibre avec le domestique et le religieux.
- Exécution : consolider les standards opérationnels (qualité-service, sûreté-sécurité, santé publique, gestion thermique des foules), poursuivre les réformes (open-skies, régulation hôtelière, compétences locales) et ancrer les indicateurs de durabilité dans les contrats. Autour de 2030, la réponse à ces points conditionnera le futur du tourisme en Arabie Saoudite.
Le diagnostic
Au regard des standards internationaux, la stratégie touristique de l’Arabie Saoudite s’appuie sur des fondamentaux peu fréquents dans la région : cibles claires (volumes, recettes), gouvernance dédiée (ministère, STA, TDF), financement massif (PIF), connectivité (compagnie nationale et méga-aéroport), produits différenciants (mer Rouge, Diriyah, AlUla), et marque-pays portée par Vision 2030. Les livraisons 2023-2025 (resorts, aéroports, festivals, musées) confirment une bascule de la planification à l’exécution. Le défi des cinq prochaines années sera d’industrialiser la qualité : montée en compétences, hospitalité de détail, distribution digitale, et équilibre fin entre tourisme culturel en Arabie Saoudite, expériences nature et hôtellerie d’exception.
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