Un investissement de 75 millions de dollars propulse Ouarzazate vers un tourisme durable d’envergure
Le Maroc investit 75 millions de dollars pour faire d’Ouarzazate un hub du tourisme durable, combinant énergies vertes, cinéma et écotourisme d’ici 2027.
Le gouvernement marocain a annoncé, le 18 octobre 2025, un plan d’investissement de 75 millions de dollars pour transformer Ouarzazate en pôle de tourisme durable. Ce projet mêle écologie, innovation et développement local avec la création d’éco-lodges, de circuits solaires dans le désert et de formations pour les guides touristiques. L’objectif est d’attirer 500 000 visiteurs supplémentaires par an d’ici 2027 et de générer 5 000 emplois. En s’appuyant sur la notoriété cinématographique d’Ouarzazate et son potentiel en énergie solaire, le plan vise à repositionner la région comme l’un des moteurs du tourisme durable au Maroc. Cette stratégie illustre la volonté gouvernementale de concilier croissance économique et transition écologique.
Un plan ambitieux pour un nouveau modèle touristique
Annoncé officiellement le 18 octobre 2025, le plan de transformation de 75 millions de dollars marque une nouvelle étape dans la politique touristique du Maroc. Ouarzazate, région emblématique du sud du pays, devient la vitrine nationale du tourisme durable, dans la continuité de la stratégie Vision 2030.
Ce programme, coordonné par le ministère du Tourisme, l’Office National Marocain du Tourisme (ONMT) et l’Agence Marocaine de Développement des Énergies Durables (MASEN), vise à valoriser les atouts uniques du territoire : son patrimoine naturel désertique, son identité cinématographique et son leadership énergétique avec la centrale solaire Noor.
La première enveloppe budgétaire, d’un montant de 45 millions de dollars, sera dédiée aux infrastructures vertes : construction d’éco-lodges, restauration des kasbahs en matériaux locaux, aménagement de pistes cyclables et création de circuits écologiques dans le désert. Le reste du financement concernera la formation professionnelle, la promotion internationale et la digitalisation de l’offre touristique.
La synergie entre écotourisme et énergie solaire
L’un des piliers du projet repose sur l’intégration des énergies renouvelables au cœur de l’expérience touristique. Ouarzazate, déjà connue pour abriter la centrale solaire Noor, l’une des plus grandes au monde avec une capacité de 580 MW, devient un laboratoire vivant du tourisme énergétique.
De nouveaux circuits touristiques baptisés « Routes du Soleil » permettront aux visiteurs d’explorer les technologies vertes à travers des parcours guidés reliant la centrale Noor, les bâtiments écologiques d’Aït Ben Haddou et les oasis alentours. Les infrastructures d’accueil touristiques bénéficieront d’un approvisionnement 100% renouvelable, avec des installations photovoltaïques sur les toits, des systèmes de recyclage des eaux grises et des solutions de mobilité électrique.
Selon le ministère de la Transition énergétique, plus de 60% des hébergements de la région seront alimentés exclusivement par des sources propres d’ici 2027. Cette approche fait d’Ouarzazate la première destination africaine à combiner cinéma, écotourisme et énergie solaire dans une même stratégie.
Une réponse à la demande croissante d’expériences durables
Le repositionnement de la destination répond à une tendance mondiale confirmée : la montée du tourisme écologique. En 2025, les réservations d’hébergements responsables au Maroc ont augmenté de 25% par rapport à l’année précédente, selon les données de Booking Trends Africa.
Les touristes recherchent désormais des expériences immersives, centrées sur la nature et la culture locale. Ouarzazate entend répondre à cette attente en développant des séjours thématiques : explorations du désert à faible empreinte carbone, initiations à la culture amazighe et ateliers de production artisanale.
Le gouvernement prévoit également la création d’un Observatoire régional du tourisme durable, chargé de mesurer les impacts environnementaux et sociaux du programme. Les acteurs locaux, notamment les petits opérateurs hôteliers et artisans, seront intégrés à la gouvernance à travers un comité territorial participatif.
Un levier économique et social majeur pour la région
Au-delà de l’ambition écologique, l’investissement de 75 millions de dollars constitue un levier de développement socio-économique important. L’objectif affiché est la création de 5 000 emplois directs et indirects sur les deux prochaines années.
Parmi eux, 2 000 postes seront dédiés à la formation de guides locaux, en partenariat avec l’ONMT. Ces formations mettront l’accent sur l’interprétation du patrimoine naturel, la gestion responsable des visiteurs et l’utilisation du numérique dans la relation client.
Les artisans locaux verront leurs activités revitalisées grâce à la construction de marchés éco-design favorisant la vente directe de produits issus de l’économie circulaire : objets en palmier dattier, poteries, textiles en laine naturelle et cosmétiques à base d’huile d’argan.
Les autorités régionales estiment que les retombées économiques pourraient atteindre 70 millions de dollars par an dès 2028, avec une augmentation du nombre de visiteurs de 500 000 touristes supplémentaires annuels, dont 45% d’étrangers.
Le cinéma, fer de lance d’un développement intégré
Ouarzazate doit une grande partie de sa renommée internationale à son statut de capitale du cinéma marocain, souvent qualifiée de « Hollywood du Maroc ». Depuis les années 1960, les studios Atlas Corporation et CLA Studios ont accueilli d’importantes productions internationales telles que Gladiator, Kingdom of Heaven, ou encore Game of Thrones.
Le nouveau plan gouvernemental prévoit la mise en place d’un parcours touristique du cinéma durable, reliant les studios, les décors naturels de l’Atlas et les villages d’accueil des productions. L’objectif : renforcer le tourisme cinématographique vert, en utilisant les plateaux existants comme sites pédagogiques pour sensibiliser les visiteurs aux enjeux environnementaux.
Les infrastructures cinématographiques bénéficieront également de rénovations énergétiques : studios solaires, recyclage des décors et gestion responsable des tournages. Cette convergence entre industrie filmique et tourisme durable place Ouarzazate comme une plateforme internationale hybride, à la fois créative et écologique.
Une gouvernance locale axée sur la durabilité mesurable
La réussite de ce plan repose sur une gouvernance rigoureuse. Un comité interinstitutionnel piloté par la Wilaya de Drâa-Tafilalet suivra la mise en œuvre des projets et assurera le respect des critères environnementaux. Les financements proviendront principalement du Fonds marocain de développement touristique, complétés par des partenariats avec des investisseurs privés et des institutions internationales comme la Banque africaine de développement (BAD).
Une batterie d’indicateurs permettra de mesurer les progrès réalisés : proportion d’hébergements certifiés, taux de satisfaction des visiteurs, volume de CO₂ économisé, et emplois locaux créés. Les données seront publiées semestriellement pour garantir la transparence et la traçabilité du programme.
Un nouveau visage pour le sud marocain
Le plan d’investissement marque un tournant stratégique dans la manière dont le Maroc conçoit son développement touristique. Ouarzazate devient le symbole d’une transition économique où tourisme, culture et écologie forment un tout cohérent, porteur d’avenir.
Cette initiative illustre la capacité du Royaume à anticiper les évolutions du marché mondial tout en valorisant ses richesses régionales. Si les objectifs sont atteints, Ouarzazate pourrait devenir, dès 2027, la première ville africaine neutre en carbone sur le plan touristique.
Le défi sera désormais d’assurer la continuité de cette dynamique dans le temps : maintenir la qualité environnementale, protéger l’authenticité culturelle et garantir la répartition équitable des bénéfices entre les habitants.
Ouarzazate se réinvente comme vitrine du Maroc durable, un territoire où le désert produit non seulement de l’énergie, mais aussi de l’avenir.
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