Les ultra-riches dopent les hôtels de luxe dans le monde

En 2025, les ultra-riches font exploser les revenus des hôtels de luxe. Chiffres, tendances et gagnants d’un tourisme de luxe devenu ultra-expérientiel.

En 2025, les voyageurs ultra-riches tirent clairement le marché des hôtels de luxe vers le haut. Selon plusieurs analyses reprises par le Wall Street Journal, le tarif moyen quotidien des hôtels de luxe aux États-Unis atteint un ADR de 394 dollars, soit environ 366 € par nuit, avec un écart de 168 dollars (près de 155 €) par rapport au segment immédiatement inférieur, un fossé jamais observé depuis 2008. Parallèlement, le marché mondial de la luxury hospitality est estimé à 166,4 milliards de dollars (environ 155 milliards d’euros) en 2025, après 154,3 milliards en 2024, avec un taux de croissance de 11,5 % projeté à l’horizon 2032. Les ultra-riches privilégient désormais les expériences immersives plutôt que les biens matériels : resorts en bord de mer, retraites de resorts wellness, séjours multi-générationnels et séjours culturels haut de gamme. Malgré les tensions géopolitiques, le tourisme de luxe reste l’un des segments les plus dynamiques du secteur, avec une projection à 391 milliards de dollars d’ici 2028, contre 239 milliards en 2023. Cette dynamique repose sur la croissance rapide de la population ultra-richissime, en hausse de plus de 5 % sur le premier semestre 2025, et sur un basculement structurel de la consommation vers le temps, le bien-être et la rareté.

HNWI

Le boom des dépenses des ultra-riches dans les hôtels de luxe

Le signal le plus visible vient des prix. D’après les données reprises par le Wall Street Journal et plusieurs analystes, le tarif journalier moyen (ADR) des hôtels de luxe aux États-Unis atteint environ 394 dollars en 2025, soit près de 366 € par nuit. L’écart avec la catégorie immédiatement inférieure grimpe à 168 dollars (environ 155 €), contre 60 dollars seulement en 2008. Autrement dit, le haut de gamme décroche du reste du marché et s’installe comme une niche de prix à part.

Ce mouvement ne s’explique pas par un simple effet d’inflation. Les données issues de CoStar et d’autres fournisseurs montrent que la demande pour le segment luxe progresse encore de l’ordre de 2 à 3 % en 2025, alors que certains segments milieu de gamme stagnent ou reculent. Autrement dit, les clients les plus aisés acceptent des hausses tarifaires à deux chiffres, là où le reste de la clientèle arbitre fortement à la baisse.

À l’international, les prix atteignent des niveaux impressionnants dans le très haut de gamme urbain. À Paris, certaines suites d’ultra-luxe se négocient autour de 2 600 dollars (environ 2 420 €) la nuit, contre 1 560 dollars (environ 1 450 €) à New York pour des établissements comparables, comme l’illustre l’exemple du Surrey by Corinthia. Ces montants restent accessibles à une fraction très limitée de la clientèle, mais ils structurent l’économie des métropoles concernées : à ces niveaux, quelques dizaines de chambres suffisent à générer plusieurs millions d’euros de chiffre d’affaires sur une saison.

Le marché global de la luxury hospitality en chiffres

Le marché mondial de la luxury hospitality s’inscrit dans une trajectoire ascendante. Plusieurs études convergent sur un ordre de grandeur : environ 154,3 milliards de dollars en 2024, 166,4 milliards en 2025, et plus de 218 milliards attendus en 2029. Converti en euros, cela représente un marché d’environ 155 milliards d’euros en 2025, avec une croissance annuelle moyenne projetée autour de 11,5 % jusqu’en 2032.

À côté, le tourisme de luxe au sens large – qui inclut avions privés, croisières de prestige et villas – est évalué à 239 milliards de dollars en 2023 et pourrait atteindre 391 milliards en 2028, soit une progression d’environ 64 % en cinq ans. Les hôtels de luxe n’en captent qu’une partie, mais ils concentrent une forte valeur ajoutée grâce à leur capacité à vendre des services annexes (spa, gastronomie, événements).

En parallèle, l’économie du bien-être pèse 6 300 milliards de dollars en 2023 et pourrait approcher 9 000 milliards en 2028, dont plus de 800 milliards pour le seul wellness tourism en 2024. Cette dimension bien-être irrigue désormais la stratégie des resorts luxe, qui intègrent diagnostics santé, programmes sommeil, nutrition et pratiques sportives dans leurs forfaits.

Enfin, la démographie des clients compte. Le nombre d’ultra high net worth (UHNW), c’est-à-dire les individus disposant de plus de 30 millions de dollars d’actifs, progresse rapidement : +12 % en 2024, puis encore +5,4 % sur le premier semestre 2025. Cette population, minoritaire en nombre mais majeure en pouvoir d’achat, oriente l’offre : elle peut financer la construction de resorts à plusieurs centaines de millions de dollars en quelques saisons.

Le basculement vers l’expérientiel plutôt que les biens matériels

La montée des dépenses records en 2025 dans les hôtels de luxe s’inscrit dans une tendance plus large : le passage des biens aux expériences. Le rapport Bain–Altagamma sur le luxe montre que les dépenses globales en produits de luxe physiques stagnent ou progressent faiblement, alors que la part des dépenses liées aux expériences continue de croître.

Pour les ultra-riches, les dépenses en tourisme de luxe et en bien-être représentent déjà plus de 25 milliards de dollars par an selon certaines estimations, en forte augmentation sur cinq ans, alors que la part consacrée à la mode ou à la joaillerie se stabilise. Le luxe ne se définit plus par un objet, mais par l’accès à un contexte : isolement contrôlé, temps rare, interactions limitées à un cercle choisi.

Les études de Preferred Hotels & Resorts vont dans le même sens : dans le Luxury Travel Report 2025, la majorité des clients à hauts revenus interrogés déclarent privilégier des expériences « immersives » et personnalisées, plutôt qu’un service standard, même très haut de gamme. Cela se traduit par une demande pour des itinéraires mêlant plusieurs pays, des séjours multi-générationnels et un usage important de villas et résidences gérées par des groupes hôteliers.

Du côté de l’offre, les groupes comme Marriott, Hilton, Hyatt ou Four Seasons investissent massivement dans la montée en gamme de leurs marques luxe et lifestyle. Les annonces de pipelines prévoient plusieurs centaines d’ouvertures supplémentaires sur le segment haut de gamme d’ici 2030, avec une concentration sur l’Europe, le Moyen-Orient et l’Asie-Pacifique, où la clientèle locale à hauts revenus s’accroît le plus vite.

Les resorts wellness comme laboratoire du luxe expérientiel

Les resorts wellness sont devenus l’une des formes les plus lisibles du luxe expérientiel. Leur croissance suit celle du wellness tourism, estimé à plus de 800 milliards de dollars en 2024, avec un taux annuel projeté de plus de 12 % jusqu’en 2030.

Concrètement, ces resorts proposent des séjours structurés autour de la santé et du bien-être : bilans médicaux, programmes de désintoxication digitale, retraites sportives ou nutritionnelles, souvent sur 5 à 14 nuits. Les tickets moyens pour une semaine dans un établissement haut de gamme dépassent facilement 10 000 dollars (environ 9 300 €) par personne, incluant hébergement, soins, encadrement et parfois bilans biologiques.

Les ultra-riches y trouvent plusieurs avantages : confidentialité, contrôle du temps, environnement sécurisé pour se déplacer en famille ou avec un cercle d’amis, possibilité de privatiser tout ou partie d’un site. Pour les opérateurs, ces resorts génèrent un revenu par chambre nettement supérieur à celui d’un hôtel urbain classique, tout en lissant la saisonnalité grâce à des séjours ciblés hors vacances scolaires.

On observe aussi une montée des offres combinant bien-être et thématiques spécifiques : agriculture régénératrice, art contemporain, gastronomie expérimentale ou programmes de santé mentale. Les prix suivent : certains séjours thématiques peuvent atteindre 30 000 à 40 000 dollars (environ 28 000 à 37 000 €) pour deux semaines, pour un couple ou une petite famille.

Les séjours culturels haut de gamme comme alternative aux biens de luxe

Parallèlement aux resorts, les séjours culturels haut de gamme gagnent en importance. Les données de McKinsey et d’autres études montrent que, pour une part croissante de clients à hauts revenus, la motivation principale d’un déplacement est désormais la culture, l’événementiel (expositions, festivals, grandes expositions temporaires) ou la gastronomie, plus que le simple repos.

Les agences spécialisées ultra-luxe proposent ainsi des parcours autour de grandes biennales d’art, des tournées privées de musées, ou des itinéraires centrés sur des restaurants étoilés. Un budget typique pour un séjour culturel premium de 7 à 10 jours à l’étranger s’établit entre 25 000 et 50 000 dollars (environ 23 000 à 46 000 €) pour deux personnes, incluant hébergement en hôtels de luxe, transports premium et accès privés.

Pour les destinations, cela change la façon de travailler avec l’hôtellerie. Les établissements qui performent le mieux sur ce segment sont ceux capables de proposer des programmes concrets : visites avant ouverture au public, rencontres avec des artistes, concerts en petit comité, accès privilégié à des sites patrimoniaux. Les grands groupes comme les collections indépendantes (Preferred, Leading, Relais & Châteaux, etc.) se battent pour obtenir ces accords exclusifs, car ils justifient des tarifs journaliers élevés.

Cette tendance s’articule avec la montée des classements comme les Michelin Keys, qui distinguent désormais des milliers d’hôtels selon la qualité de leur ancrage local et de leurs propositions culturelles. Les établissements obtenant deux ou trois Keys voient souvent leur prix moyen augmenter de 10 à 20 % dans les mois qui suivent.

HNWI

Les implications pour la stratégie des hôtels de luxe

Pour le secteur, la diversification de la demande ultra-riche impose des choix clairs. D’un côté, il faut continuer à investir dans la brique : chambres plus grandes, suites avec piscines ou spas privés, résidences de marque. De l’autre, il devient impossible d’ignorer le contenu non matériel : programmation, bien-être, culture, accompagnement sur mesure.

Les opérateurs qui se contentent d’augmenter les prix sans repenser l’expérience prennent un risque réel. Les ultra-riches sont peu sensibles au prix facial, mais très sensibles à la rareté perçue et à la qualité du temps passé. Dans les faits, un séjour raté à 20 000 € se traduit aujourd’hui par une perte de recommandation sur les réseaux privés, bien plus coûteuse qu’une remise ponctuelle.

À l’inverse, les groupes capables d’articuler montée en gamme immobilière, excellence opérationnelle et contenu expérientiel semblent en position de force. Dans un contexte d’incertitude géopolitique et économique, le segment luxe apparaît comme l’une des rares poches de croissance solide du tourisme mondial. Reste à savoir combien de temps les ultra-riches accepteront de soutenir seuls cette dynamique, et si une partie de ces standards finira par irriguer le haut de gamme plus accessible dans la prochaine décennie.

LES PLUS BEAUX HOTELS DU MONDE est un guide indépendant.

Les plus beaux hôtels du monde

Bienvenue sur notre site de présentation des plus beaux hôtels du monde. Ce site est réalisé par un collectif de voyageurs, le plus souvent voyageurs d’affaires, qui parcourent le monde. Le but de ce site est de vous présenter notre sélection des plus beaux hôtels que l’on retrouve en Europe, en Amérique et dans le reste du monde.

Notre sélection est totalement indépendante. Nous tenons compte des critères usuels de classification des hôtels comme le nombre d’étoiles, mais aussi d’autres critères tels que l’expérience globale de l’hôtel, l'environnement général et le critère très personnel de la "séductivité" de l'hôtel. C’est pour cela que certains hôtels, qui ne sont pas des 5*, peuvent être dans notre sélection des meilleurs hôtels du monde.

Vous avez une question ? Contactez-nous sur contact @ seoinside.fr

Retrouvez notre sélection des plus beaux et meilleurs hôtels du monde par géographie :

Afrique - Amerique Centrale - Amerique du Nord - Amerique du Sud - Asie - Caraïbes - Europe - Moyen Orient - Ocean Indien - Pacifique & Océanie