Kimpton transforme le mah-jong en outil de lien social, et de vente
Kimpton déploie le mah-jong dans 17 hôtels pour créer du lien… et capter du revenu. Décryptage d’une amenity devenue stratégie.
Le 14 décembre 2025, Kimpton annonce le déploiement de Mah Jong and Mingle dans 17 hôtels, aux États-Unis et à l’international. L’idée paraît simple : mettre un jeu sur la table pour provoquer des rencontres. En réalité, c’est une réponse très structurée à un sujet qui obsède l’hôtellerie haut de gamme : comment recréer des interactions spontanées, sans forcer, et générer du temps passé dans les espaces communs. Le mah-jong revient fort dans les grandes villes, avec une hausse de 179% des événements recensés aux États-Unis entre 2023 et 2024 selon Eventbrite, relayé par l’Associated Press. Kimpton capte cette vague et l’intègre à son ADN “social hour” pour créer une expérience tangible, photogénique et monétisable (F&B, événements, groupes). Le pari comporte des limites : apprentissage, accessibilité, et risque “gadget”. Mais bien exécuté, le jeu devient un levier commercial discret.
La montée du mah-jong comme signal faible devenu tendance
Le mah-jong n’est plus seulement un jeu familial. Aux États-Unis, il est devenu un format social. Bars, restaurants, clubs et pop-ups organisent des soirées dédiées, souvent avec DJ et cocktails. L’Associated Press cite une augmentation de 179% des événements mahjong sur Eventbrite entre 2023 et 2024, et décrit des formats accessibles aux débutants, orientés “sortie” plutôt que “tournoi”. Dans certaines villes, la croissance est explosive : Axios rapporte une hausse de 867% à Houston sur la même période, toujours à partir de données Eventbrite.
Ce qui rend la tendance exploitable par un hôtel est très concret. Le jeu coche trois cases fortes : il est tactile, il impose une durée (on ne “joue pas 7 minutes”), et il crée des micro-interactions sans écran. Smithsonian Magazine résume bien la bascule : un jeu ancien qui réapparaît dans des clubs, des hôtels et des fêtes parce qu’il sert de prétexte à la rencontre, notamment pour des générations qui cherchent des activités “offline”.
La logique Kimpton: une amenity pensée comme un produit d’animation
Kimpton n’invente pas “le jeu à l’hôtel”. La marque a toujours poussé des rituels de convivialité : cafés du matin, réception de fin d’après-midi, et services “Forgot It? We Got It!” très codifiés. Les pages officielles d’hôtels Kimpton détaillent ces moments, avec des créneaux horaires précis (exemple : service café le matin et social hour en fin de journée), signe d’une approche opérationnelle, pas d’un simple storytelling.
L’intérêt de Kimpton Hotels & Restaurants est d’industrialiser un format qui reste “boutique” dans l’expérience. Déployer le mah-jong dans 17 établissements, c’est viser une cohérence de marque et un effet réseau : mêmes codes, mêmes visuels, mêmes habitudes de staff. Le jeu devient un “module” activable selon les jours, les saisons, ou les segments (loisirs, bleisure, petits groupes).
C’est aussi une réponse à un problème mesurable : la rentabilité des espaces communs. Un lobby vide coûte cher. Un lobby occupé augmente la probabilité de consommation au bar, de réservation au restaurant, et d’inscription à un événement. Ce n’est pas glamour, mais c’est la réalité économique.
La mécanique de valeur: du lien social au chiffre d’affaires
Sur le papier, l’objectif est la rencontre. Dans les faits, le levier est le temps passé sur place. Un groupe qui s’installe pour jouer reste souvent 60 à 120 minutes. À l’échelle d’un hôtel, cela change la dynamique du rez-de-chaussée.
Les opportunités de revenu sont assez directes. D’abord le F&B : boissons, snacks, menus “spécial soirée”. Ensuite l’événementiel : initiation encadrée, soirées sponsorisées, privatisations. Des exemples locaux montrent déjà comment des hôtels Kimpton utilisent le mah-jong comme événement payant ou caritatif. Le Kimpton Cardinal Hotel, par exemple, a communiqué sur un événement “Merry Mahjong” avec ticket à 30 dollars par personne, sur un créneau de 2 heures (5pm–7pm). Ce type de format est simple à dupliquer et facile à vendre.
Il y a aussi un bénéfice marketing net : le jeu est visuel. Les tuiles, les tables, l’ambiance “club” génèrent du contenu. Et ce contenu n’est pas une chambre. C’est un moment. Or, les marques hôtelières ont un vrai déficit de “moments” crédibles à montrer sans tomber dans la publicité.

La question culturelle: un jeu asiatique, des usages occidentaux, et des précautions
Le mah-jong est culturellement chargé. Il a des racines chinoises, et il existe plusieurs variantes (chinoise, hongkongaise, japonaise, américaine). Aux États-Unis, l’Associated Press rappelle aussi l’existence d’une version américaine structurée historiquement, avec ses codes. Pour une chaîne internationale, c’est un point sensible : proposer “du mah-jong” sans préciser lequel, ni comment, peut vite ressembler à une récupération décorative.
Si Kimpton veut éviter le faux pas, il faut faire trois choses. Expliquer la variante proposée. Mettre à disposition des règles simples et bien traduites. Et proposer des initiations animées, pas seulement un set posé sur une étagère. Sinon, l’amenity reste un objet instagrammable et frustrant.
C’est un sujet de qualité d’exécution, pas de morale. Mais l’impact sur la perception premium est immédiat : soit l’hôtel maîtrise, soit il donne l’impression de surfer sans compétence.
Les contraintes opérationnelles: apprendre, équiper, et maintenir l’expérience
Un déploiement multi-hôtels suppose une logistique. Le mah-jong demande du matériel (tuiles, racks, tapis, tables adaptées) et du maintien (pièces perdues, nettoyage, rangement). Il demande aussi du staff formé pour “démarrer” une table.
Un autre point, souvent sous-estimé : le bruit. Les tuiles claquent. Dans un lobby calme, cela peut déranger. Il faut donc des zones dédiées, ou des créneaux horaires. Le Guardian note aussi l’essor des tables automatiques de mah-jong, avec des prix typiques de 900 à 1 200 dollars, qui accélèrent la mise en place. C’est un investissement possible, mais pas neutre, et probablement réservé à certains hôtels où le volume d’animation justifie la dépense.
Enfin, il y a l’accessibilité. Un jeu complexe décourage vite. Pour des voyageurs haut de gamme pressés, le succès dépend d’une promesse claire : “vous pouvez jouer même si vous n’y connaissez rien”. Sans cela, l’amenity exclut au lieu de rassembler.
La lecture stratégique: un pari cohérent avec le luxe post-2020
Le luxe hôtelier vend de moins en moins “du calme” et de plus en plus de la mise en relation. Le client premium veut choisir : solitude dans la chambre, ou scène sociale maîtrisée au rez-de-chaussée. Le mah-jong est intéressant parce qu’il n’impose rien. Il propose.
C’est aussi un bon exemple de “soft entertainment” : une activité structurée qui ne ressemble pas à une animation de club de vacances. Dans l’imaginaire premium, c’est crucial. Le même hôtel qui ferait un karaoké tous les soirs ne parlerait pas au même public. Le mah-jong, lui, peut se vendre comme élégant, intergénérationnel, et suffisamment “niche” pour paraître sélectif.
Mais il ne faut pas se mentir. Le jeu sert aussi à augmenter la valeur par client. Plus de temps dans les espaces communs, c’est souvent plus de consommation. Et dans un contexte où les coûts de main-d’œuvre et d’exploitation montent, c’est un levier plus réaliste que des promesses vagues sur “l’authenticité”.
La limite principale: le risque du gadget, et la nécessité d’un scénario
Le danger, c’est le one-shot. Une nouveauté qui amuse une semaine, puis disparaît. Pour éviter cela, il faut un scénario d’animation. Des créneaux réguliers. Des niveaux (initiation, open play, soirées confirmées). Des partenariats locaux avec des clubs. Et une articulation avec l’offre F&B.
Autrement dit, il ne suffit pas d’acheter des tuiles. Il faut produire une micro-culture d’hôtel. Si Kimpton réussit, le mah-jong devient un repère, comme une signature. Si Kimpton échoue, cela restera une anecdote de décembre 2025.
Ce qui est certain, c’est que la démarche est plus intelligente qu’elle n’en a l’air. Le jeu est une excuse. La vraie cible, c’est l’expérience client dans les espaces communs, et la capacité d’un hôtel à fabriquer du social sans le surjouer.
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