La Thaïlande prolonge les vols intérieurs gratuits pour les visiteurs de Bangkok

La campagne « Buy International, Free Thailand Domestic Flights » propose 200 000 vols intérieurs gratuits à des touristes arrivant à Bangkok, pour stimuler les dépenses régionales.

La Tourism Authority of Thailand (TAT) a prolongé jusqu’en novembre 2025 son programme offrant 200 000 vols intérieurs gratuits aux visiteurs internationaux arrivant en Thaïlande. Déjà plus de 50 000 créneaux ont été réservés à fin octobre. Cette initiative a pour but de promouvoir les escapades vers des destinations secondaires à partir de Bangkok vers Phuket ou Chiang Mai et d’accroître les dépenses touristiques en Thaïlande de 15 % environ. Elle intervient alors que l’occupation hôtelière dans les grandes villes a reculé de 3,7 % lors du premier semestre, à 75,1 %. Le dispositif vise à diversifier la géographie touristique, à insuffler de la demande hors des pôles urbains traditionnels et à relancer un secteur essentiel à l’économie nationale.

Un dispositif ciblé pour dynamiser le tourisme

La campagne baptisée « Buy International, Free Thailand Domestic Flights » prévoit de rendre accessible à des visiteurs étrangers un billet d’avion intérieur gratuit ou fortement subventionné pour un aller-retour dans le pays. Le dispositif couvre jusqu’à 3 500 THB (environ 95 €) pour un billet retour ou 1 750 THB (≈ 47 €) pour un aller simple. Les voyageurs éligibles sont ceux arrivant par voie aérienne sur un vol international, via l’un des six transporteurs thaïlandais participants (Thai Airways International, Thai AirAsia, Bangkok Airways, Nok Air, Thai Lion Air et Thai Vietjet). Le créneau initialement prévu pour l’usage des billets intérieurs va de septembre à novembre 2025. Cette offre s’inscrit dans une stratégie de relance après la baisse des arrivées internationales en Thaïlande et vise à « disperser » les visiteurs vers des destinations moins fréquentées.

Les enjeux pour Bangkok et les régions secondaires

La ville de Bangkok reste la porte d’entrée majeure du pays et joue un rôle déterminant dans la chaîne touristique. Le dispositif incite les visiteurs à prolonger leur séjour au-delà de la capitale. En exploitant l’aéroport international de Suvarnabhumi ou Don Mueang comme point d’entrée, les autorités favorisent un circuit national. Selon les estimations de la TAT, la campagne pourrait générer un impact direct de 8,8 milliards de THB (~240 millions €) en dépenses touristiques additionnelles, avec un effet total (indirect et induit) supérieur à 21 milliards de THB. De plus, l’occupation moyenne hôtelière des grandes villes s’est établie à 75,1 % au premier semestre, en recul de 3,7 points par rapport à la même période l’an dernier. Cette diminution reflète une fragilité saisonnière et une concentration de la demande sur un nombre limité de destinations. Le programme vise ainsi à ouvrir l’offre, à répartir les flux et à dynamiser les recettes hôtelières et touristiques dans les provinces.

Une forte adhésion dès les premiers jours

Le taux d’activation du dispositif est déjà significatif : plus de 50 000 slots ont été réclamés avant le 31 octobre, soit un quart de l’objectif total. Ce bon démarrage reflète un attrait certain pour les touristes désireux d’explorer le pays au-delà de ses grands pôles. Les compagnies aériennes partenaires rapportent une hausse des réservations de liaisons vers des destinations comme Krabi, Ubon Ratchathani ou Sukhothai. Ainsi, le déplacement vers Phuket ou Chiang Mai ne constitue plus un simple « stop-over », mais un séjour à part entière. Cette dynamique génère un effet réseau : excursion, hébergement, transport terrestre, restauration locale, tous secteurs nourrissent l’économie. Le gouvernement mise sur un accroissement de la dépense intra-Thaïlande de l’ordre de +15 %, ce qui pourrait renverser une tendance de stagnation des recettes touristiques enregistrée en 2024-2025.

Les conditions et la mécanique d’éligibilité

Pour bénéficier du billet intérieur gratuit, le voyageur étranger doit remplir plusieurs conditions : réservation d’un billet international vers la Thaïlande via une compagnie participante ou une OTA agréée, arrivée par voie aérienne, et achat du billet après le lancement officiel de la campagne. Les vols intérieurs doivent être réservés dans la période définie (séjour entre septembre et novembre). Les billets couverts comprennent un bagage en soute de 20 kg. Il est signalé que les réservations antérieures au lancement pourraient ne pas être éligibles, d’où une certaine incertitude sur la phase exacte d’ouverture. Les destinations concernées comprennent à la fois les hubs traditionnels (Phuket, Chiang Mai) et des zones moins visitées (Isaan, provinces de l’est). Le but est double : soutenir les compagnies aériennes intérieures fortement affectées par la baisse des liaisons et équilibrer la fréquentation sur l’ensemble du territoire.

La stratégie de dispersion des flux touristiques

L’un des objectifs affichés du programme est de lutter contre la concentration des visites sur des pôles sur-fréquentés. Bangkok, Phuket et Chiang Mai absorbent une part disproportionnée de la clientèle internationale depuis de nombreuses années. En favorisant des trajets vers d’autres provinces, les autorités souhaitent encourager une tourisme plus durable, renforcer l’offre régionale et désengorger les destinations saturées. Cette tactique s’inscrit dans une vision à long terme : si les visiteurs explorent davantage le pays, la durée moyenne de séjour peut s’allonger, la dépense augmenter, et la pression sur les infrastructures urbaines diminuer. Pour les opérateurs hôteliers et les prestataires locaux hors zones majeures, c’est aussi une opportunité de relancer des investissements, de développer des produits d’expérience et de diversifier les marchés.

Les implications pour les opérateurs de l’hôtellerie

Pour les hôteliers à Bangkok et dans les régions secondaires, cette initiative peut modifier substantiellement le paysage concurrentiel. À Bangkok, la dynamique de transit et de séjour court pourrait être renforcée : les touristes arrivant à Bangkok le matin peuvent repartir l’après-midi vers une autre destination. Cela impose de repenser les forfaits et les ventes croisées (early check-in, day-use, services de transport). Pour les opérateurs régionaux, c’est une chance d’attirer des segments internationaux qu’ils ne captaient pas jusqu’alors, et d’accroître l’occupation hors haute saison. En offrant une liaison aérienne gratuite, le poste transport devient un argument clé pour promouvoir des destinations secondaires. Il reste cependant important de sécuriser la conversion : hébergement, activité, restauration doivent être compétitifs pour transformer ce billet gratuit en séjour rentable.

Quelques risques et garde-fous à surveiller

Malgré son caractère prometteur, le dispositif n’est pas sans risques. Le contrôle des flux et l’absorption des nouveaux arrivants dans des sites moins préparés peuvent poser des défis d’infrastructure, de qualité de service ou d’impact environnemental. Une montée trop rapide de l’offre dans des zones périphériques sans structuration adéquate pourrait générer une expérience client fragile et entacher l’image touristique. De plus, la campagne repose sur une hypothèse de dépenses additionnelles de 15 % : si les visiteurs se limitent à la rude liaison sans consommer en aval, l’effet sera moindre. Enfin, l’effet saisonnier peut paradoxalement concentrer les arrivées dans une période courte, ce qui peut contre-venir à l’objectif de lissage. Une coordination fine entre transport, hébergement et marketing est donc essentielle.

Vers une relance durable et équilibrée

Cette initiative marque une évolution dans la stratégie de la TAT, qui passe d’une logique d’augmentation du nombre de visiteurs à une logique de qualité et de diversification des marchés et des destinations. En valorisant les transferts aériens intérieurs gratuits, la Thaïlande rapproche plusieurs fronts : reconquête de la clientèle internationale, redéploiement territorial du tourisme et incitation aux dépenses. Si tout se déroule comme prévu, ce dispositif pourrait devenir un modèle pour d’autres pays confrontés à la saturation des grands pôles touristiques. Il s’agit désormais de suivre les chiffres de conversion, d’analyse des flux visiteurs et de retombées économiques par province. l’offre gratuite de liaison constitue une incitation forte, mais c’est ultimement l’expérience globale qui déterminera la pérennité de l’impact.

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